Dans une décision historique, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution soulignant l'applicabilité du droit international aux systèmes d'armement autonomes létaux. Bien que cela marque un pas significatif, les États membres n'ont pas réussi à parvenir à un consensus pour un interdiction totale de ces technologies. Le vote a vu 164 nations soutenir la résolution L.56, qui aborde à la fois les opportunités et les défis posés par les technologies émergentes telles que l'intelligence artificielle (IA) et l'autonomie dans l'armement. La résolution réaffirme que la Charte de l'ONU, le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme sont pertinents pour les systèmes d'armement autonomes.
Introduite par l'Autriche avec le soutien de 43 pays co-sponsors, cette résolution est la première à se concentrer exclusivement sur les armes autonomes. Le texte final exprime des préoccupations quant aux effets néfastes potentiels, mais ne demande finalement pas d'interdiction. Parmi les soutiens notables figuraient les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Ukraine et l'Allemagne. En revanche, cinq pays—l'Inde, la Russie, la Biélorussie, le Mali et le Niger—ont voté contre la résolution, tandis que huit pays, dont la Chine, Israël, l'Iran, l'Arabie Saoudite, la Corée du Nord, la Syrie, la Turquie et les Émirats Arabes Unis, ont choisi de s'abstenir.
La résolution manque de clarté sur la définition précise des systèmes d'armement autonomes, reflétant l'évolution continue de leurs capacités. Actuellement, les militaires du monde entier utilisent des drones—comme ceux opérés par la Chine, la Russie et l'Ukraine—principalement contrôlés par des humains mais pouvant posséder certaines fonctions autonomes. Il y a également des essaims de drones, constitués de petits drones chargés d'explosifs, conçus pour coordonner des attaques sur des cibles, ainsi que des véhicules de combat sans pilote comme les véhicules d'essai du Pentagone de 2021 et l'Uran-9 UCGV de Russie, récemment intégré dans l'armée avant le conflit en Ukraine. De plus, des concepts impliquant des robots quadrupèdes comme Spot de Boston Dynamics, que la société a promis de ne pas déployer dans des contextes de guerre, émergent. Cependant, des concurrents comme Ghost Dynamics fournissent des robots similaires pour des applications militaires.
À la lumière de la résolution, les États membres ont été invités à engager des discussions supplémentaires pour établir une compréhension commune de la terminologie et des implications plus larges des systèmes d'armement autonomes. La résolution demande au Secrétaire général de l'ONU de recueillir les avis des États membres sur les armes autonomes et de préparer un rapport sur les résultats. Notamment, ce sujet sera inscrit à l'agenda de la 79e session de l'Assemblée générale prévue pour septembre 2024.
En réponse au vote, le groupe de défense Stop Killer Robots a déclaré que le soutien à la résolution illustre un désir général parmi les nations de progresser vers l'établissement de nouveaux cadres juridiques internationaux. Ce développement s'inscrit dans les récentes appels du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, pour la création de réglementations juridiquement contraignantes sur les armes autonomes d'ici 2026, une proposition faite lors de la première réunion du Conseil de sécurité de l'ONU axée sur l'IA en juillet.
Les discussions sur les réglementations internationales concernant les armes autonomes se poursuivent depuis près d'une décennie, avec une tentative d'interdiction en 2021 finalement rejetée par des puissances majeures. Pendant ce temps, les armées continuent de faire progresser leurs initiatives d'armement autonome, les États-Unis ayant alloué environ 18 milliards de dollars à la recherche connexe entre 2016 et 2020. Le Pentagone a également élargi ses programmes d'IA pour contrer les menaces, en particulier celles de la Chine, notamment à travers le programme Replicator, qui vise à déployer de nombreux petits drones autonomes et à faible coût pour submerger des cibles désignées.